L’UNESCO et le Commonwealth: la promotion de la jeunesse Le 16 Mars 2015, le Conseil exécutif de l'UNESCO a eu le privilège de recevoir le Secrétaire général du Commonwealth, HE M. Kamaleh Sharma, lors d'une réunion spéciale, qui s’inscrivait dans le cadre de la série de rencontres prévue par la décision 194 EX/31, « UNESCO: perspectives d'avenir ». Le thème de cette réunion était "L'UNESCO et le Commonwealth: la promotion de la jeunesse »

Introduction par le Président du Conseil Exécutif, l’Ambassadeur Mohamed Amr Sameh:

Dans son discours d’ouverture, l'Ambassadeur Amr, a souhaité, au nom du Conseil Exécutif, la bienvenue au Secrétaire général du Commonwealth à l'UNESCO, et s’est réjoui de sa présence au Conseil. Il a rappelé que le Commonwealth et l’UNESCO réunissent les mêmes membres, les mêmes valeurs et les mêmes objectifs dans les domaines de l'éducation, des droits de l'homme, de la diversité culturelle et de la compréhension mutuelle. L’objet de cette réunion n’était pas seulement d’évoquer les récents partenariats visant à promouvoir la jeunesse, mais également de discuter de futures collaborations. Il a rappelé que l'UNESCO a été la première organisation des Nations Unies à créer un cadre institutionnel au sein duquel les jeunes ont la possibilité d'influencer la politique, avec la création du Forum des jeunes de l'UNESCO en 1999. Il a mentionné que cette année, le 9e Forum des Jeunes aura lieu immédiatement avant la 38ème session de la Conférence générale. Finalement, le Président a déclaré que «les jeunes sont les principaux acteurs du changement social, du développement économique et de l’innovation technologique », et a reconnu "qu’investir dans la promotion de la jeunesse est crucial pour atteindre un développement social, économique et culturel durable". Les jeunes doivent participer à la politique afin que soit atteint « l’Avenir que nous voulons ».

Allocution de Mme Irina Bokova, Directrice générale de l'UNESCO :

Dans ses remarques liminaires, la Directrice Générale a mentionné qu'elle était «profondément honorée» par la présence du Secrétaire général du Commonwealth, et a rappelé la coopération "profonde, de longue date " entre les deux organisations, en qui ont été construites « sur des bases communes, des valeurs et des principes communs et les principes, ainsi sur le profond engagement des deux organisations à promouvoir la paix, les droits humains et la dignité ». Elle a ensuite déclaré que les besoins, les préoccupations et les aspirations des jeunes devraient avoir une place centrale dans le nouveau programme de développement. Les jeunes devront être les partenaires et les leaders de ce programme. Madame Bokova a déclaré que les principaux freins au développement durable étaient la difficulté d’accès à l’éducation de qualité pour les jeunes, les discriminations, et les conflits. Elle a également évoqué la situation des millions de jeunes actuellement sans emploi, et de ceux victimes de la pauvreté et de la faim. C’est ainsi que l’UNESCO et le Commonwealth ont entrepris ensemble de nombreuses démarches en Afrique et en Asie. En conclusion, Madame Bokova a incité l’UNESCO et le Commonwealth à approfondir leur partenariat - en particulier dans le cadre du Plan d'action pour l'autonomisation des jeunes et de la stratégie opérationnelle de l'UNESCO pour la jeunesse (2014-2021).

Allocution de S.E. M. Kamalesh Sharma, Secrétaire général du Commonwealth

Monsieur Sharma a présenté le Commonwealth comme "une famille diversifiée de 53 États membres attachés aux mêmes valeurs et aux mêmes objectifs que l'UNESCO". « Ces deux organisations, qui sont nées à la même époque, et partagent une vision commune, ont toutes deux l’ambition de servir la communauté humaine dans toute sa diversité », a-t-il déclaré.

Le Secrétaire général a ensuite présenté trois thèmes qui sont chers aux deux organisations :

Tout d'abord, il a affirmé que « le monde est à la croisée des chemins [...] Nous vivons aujourd’hui dans un monde globalisé [...] dans lequel chacun peut vouloir réaffirmer son identité, et dans lequel il existe un risque de froissement entre ces diverses identités.» Monsieur Sharma a ajouté que notre avenir dépendait de « la manière dont chacun est capable de faire face à ce choc de civilisation et de l’émergence d’une identité collective, qui ne serait en aucun cas une menace pour les valeurs qui sont propres à chacun.» Il a rappelé que le Commonwealth était présent sur l’ensemble des continents et que ses membres reflétaient la diversité des communautés humaines, ce qui en faisait un modèle pour le reste du monde. Ainsi, «la démocratie, le développement inclusif et la diversité culturelle sont les trois piliers sur lesquels reposent le futur, et sur lesquels s’appuie le Commonwealth», a-t-il déclaré.

En deuxième lieu, le Secrétaire Général a tenu à parler de la jeunesse. L’UNESCO et le Commonwealth ont tous deux mis un accent sur l’autonomisation des jeunes, ont incité les jeunes à travailler ensemble pour faire émerger des changements sociaux. Il a également déclaré que «les jeunes porteurs d’un sentiment d'appartenance à une communauté, d’ambitions et d’objectifs sont plus susceptibles de devenir des citoyens capables de construire ces changements ». Il a également ajouté que l'avenir ne pouvait être assuré sans « l’existence de vraies promesses pour les jeunes ». Il a fait remarquer que les objectifs de développement durable ainsi que leurs cibles "ne prennent pas assez en compte ni les besoins ni l’importance de la jeunesse». Il a finalement déclaré que «le succès Programme de développement pour l’après 2015 dépend de l’intégration des jeunes dans celui-ci". « Nous devons être conscients que si des mesures urgentes ne sont pas prises, le ‘dividende démographique’, aujourd’hui si prometteur, pourrait déboucher sur une génération perdue et marginalisée. »

En dernier lieu, le Secrétaire Général a tenu à évoquer les possibilités de collaboration entre le Commonwealth et l'UNESCO, notamment dans le domaine des réseaux numériques. Il a présenté la nouvelle initiative de son organisation, la «Commonwealth educational Hub", qui vise à instaurer un espace en ligne qui permettra aux populations et aux associations de collaborer grâce à la mise en place de deux fonctionnalités : une ‘communauté de pratique’ en ligne ainsi qu’un réseau intégrant des connaissances et des outils pratiques. » Finalement, Monsieur Sharma s’est félicité de cet échange et a de nouveau l'occasion de partager avec le Conseil exécutif de l'UNESCO et s’est réjoui de l’élargissement des possibilités de partenariat entre l'UNESCO et le Commonwealth.

Session de Questions /Réponses avec les membres du Conseil exécutif de l'UNESCO:

Suite à l'intervention du Secrétaire général du Commonwealth, le Président a donné la parole aux délégués, pour une séance de Questions/Réponses qui s’est avérée animée et fructueuse.

Les interventions des délégués ont concerné les points suivants:

Les changements climatiques et la jeunesse dans les Petits Etats en Développement:

Le représentant de Saint-Kitts-et-Nevis a demandé comment le Commonwealth et l'UNESCO envisageaient de traiter la question du changement climatique, en particulier en ce qui concerne les jeunes vivant dans les petits États insulaires développement. Il a notamment évoqué les effets dévastateurs des tempêtes, qui viennent causer de graves dommages, comme les destructions des écoles. De nombreux autres délégués sont intervenus dans ce sens, et ont exprimé leur désir que l'UNESCO et le Commonwealth coopèrent d’avantage pour relever le défi du changement climatique.

M. Sharma a déclaré que la réduction des risques de catastrophe était une question urgente, traitée à la fois par le Commonwealth et par l'UNESCO. Il a néanmoins reconnu que les efforts devaient être redoublés pour faire face à ce problème, et que certains Etats ne s’étaient pas engagés dans cette lutte.

L’importance de l’apprentissage à distance et des programmes de bourses :

Le représentant du Nigéria a mentionné que l'Enseignement Ouvert à Distance était crucial pour les pays africains, en raison des difficultés rencontrées par certaines communautés rurales à construire des écoles, dans lesquelles un moins grand nombre de jeunes ont accès à une éducation de qualité, et dans lesquelles les jeunes sont moins qualifiés et ont moins de possibilités d’emploi. Le représentant du Canada a soutenu cette intervention et a suggéré l’idée que le Commonwealth et l'UNESCO coopèrent d’avantage dans le domaine de l'enseignement numérique en Afrique. Il a également demandé comment le Commonwealth faisait face aux défis posés par les programmes de bourses. Un autre représentant a fait observer que l'utilisation des TIC pouvait être un facteur explicatif de la montée du radicalisme chez les jeunes.

En réponse, Monsieur Sharma a insisté sur l’importance de l'enseignement en ligne. Le Commonwealth travaille afin que les besoins de connectivité soient remplis. Il a également rappelé que le Commonwealth disposait d’un programme visant à mettre en place l’enseignement à distance. Monsieur Sharma a fait remarquer que le problème majeur résidait dans la possibilité de fournir des bourses d'études, et a encouragé les Etats membres à s’engager urgemment dans ce sens.

Enfin, il a mentionné que les Jeux du Commonwealth étaient une occasion pour les États membres de soutenir leurs jeunes populations, et a rappelé l’importance du rôle du sport dans l’histoire du Commonwealth, qui aide à la compréhension des individus.

Les déficits de l’enseignement supérieur en Afrique

Le représentant du Togo a rappelé la tenue d’une conférence en 2009, sur la «Gouvernance dans l'éducation» qui portait sur les lacunes de l'enseignement supérieur en Afrique. Il a demandé si des progrès avaient été réalisés suite à cette conférence et si un soutien financier supplémentaire avait été fourni. Le représentant de l'Australie a également soutenu l'importance de la mise en place de programmes de formation pour les enseignants africains, à travers des outils numériques.

L’identité du Commonwealth:

Le représentant de l'Afghanistan a déclaré que, tout en ne faisant pas partie de cette organisation, le Commonwealth se distinguait des autres organisations spécialisées du fait de l’existence de « son âme. » Selon lui, l'essence du succès du Commonwealth se doit à sa cohérence et à son efficacité. Le représentant du Royaume-Uni est intervenu pour soutenir cet argument. Il a également demandé lequel des trois thèmes évoqués par le Secrétaire général pouvait être considéré comme primordial.

En réponse, Monsieur Sharma a déclaré que «l'âme» du Commonwealth était un bien immatériel de l'Organisation. Au siècle dernier, la création du Commonwealth a constitué un évènement extraordinaire. Ses membres, conscients des conflits du passé, ont réussi à les surmonter. Cette création, qui a été possible grâce à la coopération entre les nations, entre les associations, est un «exploit pour toute l'humanité. »Il a également déclaré que le premier des thèmes évoqués pouvait être considéré comme prioritaire.